
Face à la pénurie de soignants qui touche les établissements de santé et le secteur du soin en général, le recours aux professionnels retraités devient une option de plus en plus utilisée. Le cumul emploi-retraite permet aux soignants de reprendre une activité tout en percevant leur pension. Mais quelles sont les règles qui encadrent ce dispositif ? Et peut-il réellement pallier le manque de personnel ?
Le cumul emploi-retraite est un dispositif qui permet aux retraités de reprendre une activité salariée ou libérale tout en continuant à percevoir leur pension. Il est régi par plusieurs textes, notamment l’article L. 161-22 du Code de la Sécurité sociale, qui définit les conditions d’application.
Deux régimes existent :
- Le cumul emploi-retraite plafonné, qui concerne les soignants n’ayant pas liquidé leur retraite à taux plein. Dans ce cas, la somme des revenus d’activité et de la pension ne doit pas dépasser la moyenne des trois derniers salaires perçus avant la retraite ou 160 % du SMIC (soit environ 2 900 € brut en 2024).
- Le cumul emploi-retraite intégral, accessible aux soignants ayant atteint l’âge légal de départ en retraite (62 à 64 ans selon la réforme de 2023) et justifiant d’une carrière complète. Dans ce cas, il n’y a aucune limite de revenus.
Pour les fonctionnaires hospitaliers (infirmiers, aides-soignants dans la fonction publique), le décret n° 2017-414 du 27 mars 2017 précise qu'ils ne peuvent pas reprendre un emploi dans la fonction publique avant un délai de six mois après leur départ en retraite, sauf en cas de reprise sur un poste de vacataire ou contractuel, notamment pour répondre à des besoins urgents.
En 2023, l’Ordre national des infirmiers signalait une augmentation du nombre d’infirmiers en cumul emploi-retraite, notamment dans les zones rurales et en EHPAD.
Toutefois, plusieurs limites existent :
- Un vivier restreint : tous les retraités ne souhaitent pas reprendre une activité professionnelle.
- Un effet temporaire : la reprise d’activité est souvent de courte durée, ce qui ne règle pas le problème structurel du manque de personnel.
- Des rémunérations peu incitatives : les soignants retraités qui reprennent une activité salariée sont soumis aux mêmes grilles salariales que les autres, ce qui peut limiter l’attractivité du dispositif.
En conclusion, le cumul emploi-retraite représente un levier utile pour gérer les tensions de recrutement dans le secteur de la santé, mais il ne saurait être une solution durable. L’enjeu reste avant tout d’améliorer l’attractivité des métiers soignants, notamment en augmentant les salaires, en réduisant la charge de travail et en valorisant les évolutions de carrière.
Clémentine Thieblemont