Depuis quelques années, les outils numériques se multiplient dans les établissements de santé : tablettes en chambre, téléconsultations, logiciels de suivi, applications d’éducation thérapeutique… Si ces dispositifs promettent un meilleur accès à l’information et une continuité des soins renforcée, ils transforment aussi le quotidien des soignants. Au-delà de leur mission de soin, infirmiers et aides-soignants deviennent souvent les “médiateurs” entre la technologie et le patient.

Le numérique au cœur des chambres

Dans de nombreux hôpitaux et cliniques, les tablettes sont désormais présentes dans les chambres. L’hôpital de Valenciennes, par exemple, a équipé chaque lit de terminaux permettant aux patients de consulter leur dossier médical, de commander leurs repas ou même de suivre des séances d’éducation thérapeutique en ligne. Le CHU de Toulouse a, lui aussi, misé sur des tablettes pour faciliter la communication avec les familles, notamment en période de restriction des visites.
Ces outils offrent un gain de confort et d’autonomie au patient. Mais ils nécessitent souvent une explication. Certains patients âgés ou peu familiers des écrans peuvent se sentir démunis face à ces nouvelles interfaces. C’est alors le soignant qui prend le temps d’expliquer comment naviguer dans un menu, comment lancer une visioconsultation avec un médecin, ou encore comment envoyer un message à sa famille.

Entre soin et pédagogie

Ce rôle de “traducteur” du numérique s’ajoute aux missions des soignants. Dans les faits, il demande patience, pédagogie et parfois improvisation. Dans certains services de soins, les soignants expliquent qu'il leur arrive d’accompagner les patients jusque dans leurs démarches administratives en ligne, comme l’accès au compte Ameli ou à une messagerie sécurisée.
Si cela peut sembler anecdotique, ces gestes contribuent à renforcer la relation de confiance avec le patient. Ils montrent que le soignant ne se limite pas à un rôle technique, mais accompagne la personne dans toutes les dimensions de son parcours de santé.

Des compétences à valoriser

La montée en puissance du numérique dans les soins pourrait, à terme, nécessiter une meilleure reconnaissance de ce rôle. Certains établissements commencent déjà à prévoir des formations rapides pour familiariser les équipes aux outils mis à disposition des patients. L’objectif n’est pas de transformer les soignants en techniciens, mais de leur donner des clés pour ne pas perdre de temps.
En effet, un outil mal utilisé peut vite devenir une source de stress supplémentaire, autant pour le patient que pour le professionnel. À l’inverse, bien intégré dans le parcours de soin, le numérique peut libérer du temps, fluidifier les échanges et renforcer l’autonomie des patients.

Un équilibre à trouver

Le défi reste donc d’équilibrer le soin humain et la technologie. Le numérique est un outil puissant, mais il ne remplace pas l’écoute, la présence et l’attention. Les soignants, en devenant des intermédiaires entre ces deux mondes, jouent un rôle essentiel.

Clémentine Thieblemont