Dans les établissements de santé, la recherche et la démarche qualité ne sont plus réservées aux médecins ou aux cadres. Les infirmiers et aides-soignants ont toute leur place dans ces dynamiques d’amélioration continue, à condition d’oser s’y engager. Il ne s’agit pas ici de mener des essais cliniques, mais bien de contribuer, en tant que professionnels de terrain, à l’évolution des pratiques. Une implication qui passe souvent par des gestes simples : participer à un audit, rédiger un retour d’expérience, déclarer un événement indésirable, proposer une amélioration concrète.
Pourtant, ces démarches peinent parfois à mobiliser les équipes. Beaucoup de soignants hésitent à signaler un dysfonctionnement ou un incident. Par crainte de “dénoncer” un collègue, par peur des conséquences, ou parce qu’ils ont l’impression que cela “ne sert à rien”. Or, c’est justement en parlant des erreurs, des oublis, des tensions dans l’organisation qu’on fait progresser la qualité des soins. Le but n’est jamais de sanctionner, mais d’analyser, de comprendre les causes et de prévenir leur réapparition.
La déclaration d’événements indésirables en est un bon exemple. Elle reste trop souvent perçue comme une formalité administrative ou un acte de suspicion. Pourtant, chaque fiche transmise peut déclencher une action utile : revoir un protocole, repenser un circuit, ajuster une organisation. Les établissements qui avancent sur ces sujets sont ceux où les soignants se sentent écoutés et où l’on prend le temps, collectivement, de tirer des enseignements de ce qui n’a pas fonctionné.
Les audits qualité, eux aussi, offrent une vraie occasion de faire entendre la voix du terrain. Être audité n’est pas un examen, mais un moment d’échange. Et participer à un audit, c’est devenir acteur d’une démarche d’amélioration. Il s’agit de partager ce qui fonctionne, ce qui coince, ce qui mériterait d’être repensé. Trop souvent, ces retours restent confidentiels, faute de temps ou de cadre pour les exprimer.
Enfin, la participation à la recherche paramédicale se développe de plus en plus, via des protocoles de soins, des études observationnelles, ou même des projets de recherche portés par des infirmiers. Là encore, il ne s’agit pas forcément d’écrire une thèse, mais d’observer, de noter, de partager une expérience, de s’impliquer dans une réflexion collective.
Les soignants ne sont pas de simples exécutants. Leur regard sur les pratiques, leur expérience du quotidien, leur capacité à repérer les failles sont essentiels pour faire évoluer les organisations. S’impliquer dans la qualité et l’évaluation des soins, c’est aussi une manière de reprendre la main sur son métier — et de faire en sorte qu’il continue à avoir du sens.
Clémentine Thieblemont
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