De nombreux infirmiers font le choix de quitter l’hôpital pour exercer en libéral, attirés par une plus grande autonomie et une meilleure rémunération. Pourtant, certains finissent par revenir dans le secteur hospitalier.

Le passage du libéral à l’hôpital s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, l’instabilité financière peut être un frein dans l’exercice libéral. Selon une enquête de la DREES publiée en 2023, 30 % des infirmiers libéraux gagnent moins de 2 000 € nets par mois, notamment en raison des charges et des impayés des patients ou des caisses d’assurance maladie. Certains infirmiers libéraux constatent que, malgré une rémunération théoriquement plus élevée qu’à l’hôpital, le revenu net final est parfois décevant.

Par ailleurs, le rythme de travail en libéral peut être exigeant : des journées à rallonge, se déplacer en permanence (notamment pour ceux qui exercent en milieu rural), des horaires de travail en coupure et surtout une charge administrative importante (facturation, gestion des rendez-vous, relations avec l’Assurance Maladie et avec les médecins prescripteurs).

Enfin, le sentiment d’isolement est une réalité pour beaucoup d’infirmiers en libéral. Contrairement à l’hôpital où le travail d’équipe est omniprésent, l’exercice en libéral peut être solitaire. La collaboration avec d’autres professionnels de santé existe, mais elle est plus atténuée.

Si le retour à l’hôpital offre davantage de sécurité de l’emploi et un cadre de travail plus structuré, il n’est pas sans inconvénients. Le retour peut être un choc en termes d’organisation. Après une période en libéral où l’autonomie est totale, il faut se réadapter aux contraintes hospitalières : plannings imposés, travail en équipe avec une hiérarchie, et parfois une perte de certaines compétences spécifiques au libéral. Il faut aussi se réadapter aux procédures et protocoles de soins propres à l’établissement de santé.

Revenir à l’hôpital après une expérience en libéral peut être une bonne idée si l’on recherche une stabilité financière et professionnelle, un travail en équipe et une réduction de la charge administrative. Cependant, ce choix doit être mûrement réfléchi en tenant compte des contraintes hospitalières. Certains infirmiers choisissent des alternatives intermédiaires, comme le travail en intérim ou en vacations, qui offrent plus de flexibilité tout en bénéficiant des avantages du travail hospitalier.

En définitive, il n’existe pas de réponse unique : tout dépend des attentes personnelles et professionnelles de chacun. Un retour à l’hôpital peut être une belle opportunité, à condition d’en accepter les exigences.

Clémentine Thieblemont